J'ai écrit un texte je vous en propose ici un extrait.
Sur un banc, deux femmes, la première lit un livre.
-Vous lisez quoi?-Un ouvrage tout à fait ininteressant sauf si, bien sûr, on est passionné par les maquettes d'avion de chasse de la seconde guerre mondiale
-(elle rit) Alors pourquoi avoir choisi ce livre si vous ne l’aimez pas ?-Qu’est ce qui vous dit que je choisis forcément des livres que j’aime ?
-Je ne sais pas, par plaisir logique de vous distraire ?...-Et si je n’ai pas besoin de me distraire ?
-Dans ce cas, pourquoi ne pas ne rien faire simplement, au lieu de vous infliger ce bouquin ?-Parce que je crois que ne rien faire me mettrais mal à l’aise
-Par besoin de contenance ?...ridicule-Jugement hâtif !...ridicule
-Je vous demande pardon ?-Si ça me met mal à l’aise, ce n’est en aucun cas par soucis de contenance mais parce que ne rien faire c’est ne pas évoluer, et cette idée m’insupporte.
-Il ne suffit pourtant pas de passer devant un tableau, il faut s’y arrêter pour le comprendre. -S’y arrêter ? Pourquoi ? Parce que la société s’est levée un matin en proclamant « devant une œuvre, tu t’arrêteras ! » Non merci, je préfère avancer vers la suivante et me dire que la première fait déjà partie du passé.
-Pourtant vous êtes régie comme nous tous par les lois du présent-Chacun choisis ce qui, dans son existence appartient au passé et ce qui pourrait appartenir au futur. le présent n’est qu’un concept qui nous donne l’illusion que nous profitons de notre vie.
-Donc, selon vous, rien n’est incertain ?-Ou tout l’est, à vous de voir.
-Enchantée. (elle lui tend la main)-Vous êtes jeune.
-C’est une tare ?-Non, une imprudence tout au plus.
-Et c’est déplorable d’être imprudent ?-Disons que l’imprudence mène face au danger.
-Le danger est plutôt excitant. Vous ne vous mettez jamais en danger ?-Rarement.
-C’est un tord -…
-Si vous ne vous mettez jamais en péril, vous n’avez, effectivement, aucune notion de présent, de divertissement ou de plaisir…-Peut être…mais je n’ai aussi que très rarement la notion de « qu’est ce que fous ici », de « qu’est ce qu’il m’arrive » ou encore de « oh merde, j’aurais jamais dû faire ça »
-(elle rit de nouveau) Vous êtes originale.-Ah
-C’est un compliment-Et c’est là que je suis censée dire merci comme le veut la norme ?
-Non, c’est là que vous êtes censée dire « et vous comment ça va ? » ou encore « il fait froid aujourd’hui, quand arrive votre prochain métro ? » comme le veut la norme-Je n’attends aucun métro et je n’ai pas spécialement froid.
-Si je comprends bien, vous lisez consciemment un livre qui est à mourir d’ennui, vous ne croyez pas au présent qui, cela dit, est une vérité instaurée depuis que la première forme de vie a pu se dire « tiens, il fait jour, tiens, il fait nuit » et pour terminer vous êtes assise sur un quai de métro alors que vous n’en attendez aucun… ?-C’est juste. Mais peut être que je suis ici pour d’autres raisons.
-Ce serait indiscret de vous demander lesquelles ?-Oui. Peut être suis-je ici parce que vous l’êtes et inversement.
-C'est-à-dire ?-Et bien, peut être que notre avenir est indéniablement lié sans que nous puissions en avoir conscience.
-Possible, mais ça ne fonctionne pas dans le sens ou moi je sais pourquoi je suis ici.-Pour prendre un métro ?
-Exact-Pour où ?
-Pour « chez un ami »-Vous êtes obligée d’y aller ? Etes-vous certaine que vous irez ?
-Pourquoi n’irais-je pas ?-Pourquoi iriez-vous ?
-…-Vous qui aimez les imprévus, n’y allez pas.
-Pour quoi faire ? Attendre ici avec vous qu’une tierce personne vienne s’asseoir en vous demandant ce que vous lisez pour finalement la convaincre qu’elle pourrait ne pas prendre ce métro et continuer ainsi jusqu’à ce que se forme une immense chaîne humaine de timbrés qui n’attendent rien ?-Notez bien, quelle beauté cette chaîne humaine.
-Vous marquez un point pour la beauté…mais aussi pour le coté timbré…-(elle rit pour la première fois depuis le début de leur conversation) Vous appartenez à un groupuscule quelconque ?
-Pardon ?-Ce tampon sur l’intérieur de votre poignet, un signe de reconnaissance ?
-Oui, (avec le sourire), le signe des gens qui sortent jusqu’à l’aurore dans ces soirées où le défi est de ne pas effacer le cachet afin de pouvoir y ressortir le lendemain en prétextant a l’entrée « mais si si, je vous assure, vous m’avez vue passer, je suis juste sortie prendre l’air »-Je vois. Vous habitez loin d’ici ?
-Oulà, je suis impressionnée, vous venez de me poser une question banale.-Alors ? Vous habitez loin d’ici ?
-Je loge dans un endroit où il est nécessaire d’enjamber minutieusement chaque objet abandonné là afin de parvenir à atteindre l’autre coté de la pièce.-Oulà, je suis impressionnée…vous venez de me donner une réponse originale.
-Et vous ? Vous habitez loin d’ici ?-Oh quel dommage, vous étiez pourtant bien partie.
-Pardon ?-Dans un jeu question-réponse, la première règle qui, je le pensais, était connue de tous, est qu’il est formellement interdit, voire déplacé, de poser la même question que son interlocuteur.
-Dans un jeu de question-réponse ? Nous jouions ?-Evidemment.
-Bien…Comment vous appelez-vous ?-Quel intérêt ?
-N’y aurait-il pas une règle qui stipule qu’il est interdit de répondre à une question par une autre ?-En aucun cas !
-Bon, comment vous appelez-vous ?-Quel intérêt ?
-Je ne sais pas, pour vous appelez.-Dans quel but ?
-Et bien, si un jour je vous recroise en compagnie d’un ami, je devrai vous présenter à lui . Enfin, selon ce que la société nous dicte bien sûr.-Pourquoi nous présenter ? je n’ai peut-être pas envie de la connaître.
-Et bien justement, par plaisir de rencontrer de nouvelles personnes.-Par plaisir…je vous plais ?
-Je vous demande pardon ?-Présenteriez-vous quelqu’un que vous détestez à votre ami dans l’intérêt qu’il fasse de nouvelles connaissances ?
-Evidemment non !-A vous.
-A moi de… ?-De me poser une question.
-Non, je viens de vous demander votre prénom, non sans mal d’ailleurs.-Oui mais ensuite, je vous ai demandé si je vous plaisais, ce qui fait que c’est à vous.
-Je n’ai même pas répondu, et vous non plus d’ailleurs en ce qui concerne votre prénom.-Vous avez répondu que vous ne présenteriez pas quelqu’un que vous détestez à votre ami. Vous avez dit aussi que si vous me recroisiez, vous me le présenteriez. J’en ai donc conclu que je vous plais. Et pour votre question, j’estime avoir donné assez de contre arguments tout à fait louables pour que cette question soit annulée.
-Vous modifiez les règles de notre jeu à votre convenance.-Exact, mais je n’aurais pas à le faire si vous posiez moins de questions banales.
-Bien, à moi donc. Avez-vous menti durant notre conversation ?-Oui
-Quand ?-Ca fait deux questions. A moi, qu’est ce que vous aimez ?
-Et c’est moi qui pose des questions banales ?-Si vous y réfléchissiez un instant, vous verriez qu’il n’est pas si aisé de répondre à la question « qu’aimez-vous ? »
-Juste. On a droit à plusieurs réponses ?-A vous de fixer vos propres règles.
-J’aime les tartes au citron, les endroit où sont entassés un tas de livres écornés, discuter avec vous, le cri des mouettes et voir un politicien bourré.-Joli tour de passe-passe. Rien à dire, réponse tout à fait correcte, même si, mentionner la tarte au citron avant les livres écornés est un assassinat inacceptable pour mon goût immodéré de la littérature, ça reste acceptable.
-Je vous remercie. Quand ?-Quand ?
-Quand avez-vous menti durant notre conversation ? Voila pour l'extrait
c'est un essai, soyez indulgentes
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(perso j'aurai même pas su repondre à la deusième question !) 
