j'ai écris quelque vers mais c'est pas mon truc alors je vous propose une prose
"Leurs regards avaient changés… à toutes les deux. Elles le savaient parce que, lorsqu’on se connaît depuis 13 ans, on sait ces choses là. Presque gênées de se croiser dans les couloirs, presque incommodées de demander une gomme, presque absorbées par une indifférence vainement feinte.
La salle de classe était un amoncellement de rires, de cris et de disputes, mais dans ce brouhaha là, Camille et Sarah restaient inhabituellement muettes.
Elles avaient maintes fois dormi, les mains serrées l’une à l’autre comme pour se construire un bouclier anti-tout. Depuis 13 ans, des couches culottes aux soucis de mecs, des disputes pour des châteaux de sable aux révisions logarithmiques, depuis toujours, tous les samedis, Sarah et Camille dormaient main dans la main.
Mais pas ce jour là, elles ne savent pas pourquoi…on ne sait pas pourquoi, un jour d’apparence comme les autres, tout ce que l’on a construit avec honnêteté et sincérité peut s’écrouler en un seul instant pour laisser place au doute…
Sarah se demandait pourquoi cette nuit là, sa main semblait se dérober, elle paraissait ne plus vouloir respecter le pacte établit et vouloir enfreindre des confins jusque là intouchés. Du bout des doigts, elle effleura la paume de Camille qui suffoquait déjà depuis quelques instants pour s’atténuer dans un profond soupir. Sarah remarqua dès la première bouffée d’air qu’elle prit à la hâte, que l’odeur d’un souffle s’altère divinement selon la situation dans laquelle il est inhalé.
Sans réflexion aucune ni préméditation, elles se retournèrent simultanément l’une vers l’autre. Au moment ou leurs corps entrèrent en un contact léger, elles comprirent sans un regard qu’à partir de cet instant plus rien ne pouvait être comme avant et que de ce simple geste naîtraient les prémisses d’un futur incertain.
Leurs lèvres se touchaient dans un flot de maladresse qui n’avait absolument aucun lieu d’être source de controverse puisque l’important, le primordial, le substantiel était que jamais auparavant cette sensation n’était entrée en elles comme un trait tiré d’un arc.
L’aube s’immisçait déjà aux travers des rideaux lorsque leurs bouches eurent cessés de s’aimer…
Dans cette salle de classe, Sarah était maintenant rouge de honte à l’idée que Camille puisse réfuter ce baiser, qu’elle puisse avoir des paroles insensées et surtout qu’elle puisse ne plus jamais vouloir d’elle. Sarah rêvait aussi au prochain samedi avec une impatience de midinette.
Camille était horrifiée par le simple fait de penser que Sarah pourrait détourner son regard d’elle et ne plus lui adresser la parole que par amitié habituelle.
Mais Camille pensait aussi qu’enfin, en ce jour, en cet instant d’évasion, elle avait, pour la première fois, respiré"