Deux textes, l'un ce rapportant à "elle", l'autre pour une amie mais quelque part il s'adresse à toutes femmes blessée et brisée
Souvenir délavé
Plus qu'un souvenir tapis en ma mémoire, un vague soupir expiré dans le noir, un souffle qui pénètre entre mes côtes, un frisson qui parcours mes veines et brime mon cœur, un rêve que tu fut mon autre. Je m'éveille encore avec ces images floues, voilées par les songes de mes nuits, les ailes des anges et le sanglot des déchus. J'ouvre les yeux sur un nouveau jour, où je me rappel t'avoir connue comme on se rappel de son enfance, un lointain souvenir ponctué de senteurs et de couleurs uniques, de sons à jamais rattachés à ses instants magiques.
Lointain murmure ressurgit de ma mémoire, ta présence près de moi s'évanoui avec le temps, comme un fantôme errant entre deux mondes, un spectre cherchant à rejoindre les siens. Des pleurs souverains délavent ton image, des sanglots mesquins couvrent le souvenir du chant de ta voix, et des larmes égarées noient ton parfum. Mes pensées se font plus troubles, sorti des brumes de ma mémoire, ne me reste que ton regard, don le seul rappel me fera toujours pleurer.
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Réflexion
Mon regard se perd sur les traits d'un visage inconnu, miroitant sur les eaux troubles, son image me revient sous ces lignes attristées, d'une femme enfant désolée. Le regard brouillé, est-ce de larmes ou de rosée, le regard perdu et blessé, cherchant à voir au-delà de son reflet. Le miroir des eaux joue avec son dessin, les ondes lui font transparaître d'autres desseins. Les branches mortes qui commencent à croupir encadrent ce visage déprimé dans le creux des eaux, elles viennent se coincer dans les galets et transpercent les joues de cette âme noyée. Le vent qui se lève doucement creuse les flots, creuse ses traits. Le regard plus profond commence à s'immerger, est-ce de sanglots, ou bien d'embruns salés? J'observe ce visage incongru par les vagues déformé, j'y reconnais toujours ce regard affligé. Cette image me reste et me hante, ce regard si triste dans ce visage si doux, ce regard égaré dans ce visage si présent. Son souvenir me suit jusque chez moi, jusque dans mon miroir. J'observe, en face de moi, ce même regard, cette même déchirure. Je ne reconnais pas cette femme qui se veut être mon reflet, qui se veut être moi. Cette image peut-elle réellement me représenter? Je ne suis pas le reflet mais le reflet est moi, et le reflet que je vois est celui d'un être en émoi. Ce regard de larmes brouillé, ce regard de sanglots noyé, il est mien. Il se perd quelque part entre mon corps et mon image, cherche à passer de l'autre côté du miroir, à percer ses secrets, derrière cette vitre noire. Je veux briser le reflet, ne plus voir cet être abattu que je vois, qui est moi. Je veux rejoindre mon image, et me jette contre la glace. Le miroir se brise, en million d'autres reflets. Cette image que je ne veux plus voir est éparpillée à mes pieds, je m'y blesse en voulant les écarter. J'ai voulu détruire ce que je ne pouvais accepter, j'ai dupliqué ma souffrance en voulant l'oublier.
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