Chaussette
Amour de Groseille
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Ville : Liège
Date d'inscription : 20/10/2005
 | | Sujet: Souvenir d'enfance Dim 16 Juil - 2:36 | |
| J'crois que j'aurai beaucoup de chance si plus de 2 personnes lisent ça jusqu'au bout ^^ Ecrit il y a deux ou trois ans, mais ça reste d'actualité.. à peu de choses près. Elle me déteste parce que je lui coûte de l’argent. Elle fait 15 à 30km par jour pour me conduire à l’école, c’est un énorme problème pour elle, à cause du carburant. Ben oui, le prix du pétrole monte.. Elle nous reproche de ne pas avoir de temps pour elle. A cause du chien, à cause du gosse.. Elle dit que sa vie n’est rien [et elle a bien raison]. Je ne suis qu’une charge. Papa a enfin compris. Pour elle, faire un enfant, c’est s’en occuper quand on veut bien, puis le jeter, s’en débarasser quand on en a marre. Elle a claqué la porte vitrée comme une hystérique [ce qu’elle est d’ailleurs]. La vitre a [encore] failli péter. Ils se se sont insultés, tous les noms. Elle a hurlé du plus fort qu’elle pouvait. Elle a laché un long « ho » de 3 secondes et demi en y mettant, non pas tout son cœur, puisqu’elle n’en a pas, mais toute sa voix, ce qui est déjà pas si mal. Puis le reste du temps elle a crié très fort aussi, en alternant avec des pleurs. Elle sait qu’elle a tort alors elle chiale. Puis, parfois, elle n’a plus rien à dire. Elle sait même plus de quoi on parle, elle comprend plus rien. Alors elle bafouille, elle pleure de plus belle, et elle finit par gueuler qu’elle t’emmerde. C’est vrai, je faisais ça aussi, il y a quelques années. Finalement, ce n’est qu’une adolescente. Une petite gamine qui veut son indépendance, mais qui n’est pas capable de la prendre, puisque personne ne l’en empêche, alors elle met ça sur le dos des autres. Elle déteste qu’on lui dise qu’elle n’est pas humaine. Pourtant, c’est vrai. Elle critique tout le monde dans son dos, puis elle fait un grand sourire en face. Elle passe sa vie à râler, c’est pour ça qu’elle pense qu’elle la perd, mais on n’y peut rien. Puis, elle a dit qu’elle ne demandait pas qu’on lui réponde ou qu’on donne son avis, mais juste qu’on l’écoute râler et critiquer le monde. Papa s’est enervé. Elle voudrait qu’on l’écoute sans broncher puis lui dire « oui tu as raison » quand elle a fini. C’est pour ça aussi qu’elle n’est pas humaine. Elle se met dans des états extraordinaires, juste parce qu’on n’est pas d’accord avec elle. C’est fou. Elle veut jouer la victime. Elle veut être à plaindre. C’est vrai qu’elle ne gagne as beaucoup, en nettoyant les chiottes des barakis. Mais elle passe ses journées sur internet, alors, il y a pire qu’elle vous savez. Au fond, elle se complait si bien dans sa situation. Elle adore tellement jouer la pauvre persécutée. Elle finit par inventer n’importe quoi, on se demande d’où elle sort ses arguments. C’est à croire que tout est dirigé contre elle. Depuis qu’elle est née. Ma mère, elle a un problème psychologique, et pas des moindres. Il faudrait des années et des années de traitement pour l’en sortir. Enfin, si on peut supposer que ça marcherait, bien sûr. Ils ont commencé vers 9h30 du matin, je crois. Ils m’ont réveillé, c’était un samedi. Au début, je me suis bouchée les oreilles pour ne pas entendre, mais après j’ai ouvert ma porte pour mieux écouter. Je ne sais pas comment ça a commencé, mais je sais que ça se finira mal. Enfin, comme d’habitude, une mauvaise ambiance, puis, à en juger par l’importante crise de hurlements et de pleurs, des nouvelles mesures à appliquer. Elle ne veut plus me conduire à l’école. Ni venir me rechercher. Parce que le pétrole est cher. Elle ne veut plus vivre ici, à la maison, parce qu’il y a le chien à surveiller, puis parce que je suis là, et je ne lui offre pas ce qu’elle avait espéré de moi. Enfin, je crois, c’est la façon dont je le vois, et je pense être dans le bon. Ici, il y a le téléphone gratuit, internet avec ADSL, un grand jardin. C’aurait pu être la maison du bonheur, vous voyez ? Pas pour l’ordinateur, la télé, et tout ça, non. Mais parce que on aurait pu vivre heureux. Soit, elle dit qu’elle s’ennuie. Elle voudrait retourner dans son petit appartement 4 pièces sans jardin, sans la nature, juste les batiments gris, les passants aigris, la solitude malsaine. C’est ça, l’indépendance. En tous cas, moi, ça ne me dérangerait pas, qu’elle s’en aille. Je pleurerais moins. Et donc, je pisserais plus, ça m’arrangerait. Mais elle revient toujours. La pauvre malheureuse. Papa dit qu’elle est restée parce qu’un enfant a besoin d’une mère. Moi, je pense que j’aurais mieux grandi sans toutes ces précautions inutiles. Seule avec papa, j’aurais appris à lessiver, repasser, mieux m’occuper du chien. J’aurais appris à préparer tout plein de petits plats délicieux. Je me serais bien occupée de lui. Mais elle, elle était dans le chemin. Vous savez, il faut bien l’avouer, j’ai souvent pensé à l’assassiner. Pas dans les moments de crise, quand j’étais sous l’emprise du stress. Non, plutôt dans les moments calmes, allongée dans mon lit. Quand papa travaillait. C’était si simple, prendre le long couteau dans la cuisine, remonter dans sa chambre, et le lui planter dans le cœur. Puis j’imaginais le stratagème à mettre en place pour faire croire à un meurtre dont le mobile était au départ un cambriolage. Mais je serais bien incapable. Je suis trop faible. Vous avez vu, il est midi moins vingt, maintenant. Et vous entendez, ils continuent. C’est idiot, leurs disputes, parce que c’est seulement après deux ou trois heures que ma mère finit par exploser et dire vraiment ce qui ne va pas. Parce que sinon, avant, on est censé le deviner tout seul. Le lire dans ses yeux, peut-être. Alors papa prends des mesures [qui ne tiendront pas très longtemps, ou se déformeront peu à peu], et, bien souvent, de toute façon, le cœur du problème n’était qu’une broutille, et tout ça n’aura strictement servi à rien. C’est la première fois que je vous parle, vous avez remarqué ? D’habitude j’écoute, je pleure, quelques heures, puis j’oublie. Enfin j’essaye. Puis même avec mes Autres, je ne leur parle jamais de ça. J’y arrive pas, même avec eux, vous imaginez ? J’évoque la situation, puis je dis « non, rien » et j’invente autre chose. Enfin, ça, c’est pas très important. C’est un peu pareil, parler de ça ou d’autre chose, c’est tout de même parler. C’est inventer des situations pour échapper à celle de la réalité. C’est vrai, c’est pas vraiment parler, puisque c’est dans ma tête. Je devrais dire « penser de ça ou d’autre chose ». Au fait, vous entendez ? Le silence.. Ca s’est arrêté. Le manège s’est arrêté de tourner. Ca fait drôle. Parce que même quand ils criaient assez bas pour que mes oreilles ne captent pas leurs éclats de voix à travers la porte fermée, ben j’entendais quand même les coups qu’ils frappaient sur la table, dans les meubles, contre les arguments adverses. Ah, tiens, le manège est reparti. Pas forcément pour la joie des plus petits. Papa s’est enervé, vous savez. Il a crié fort, il a dit qu’elle l’emmerdait, qu’il était à bout, qu’il n’en pouvait plus d’elle. C’est rare, papa qui s’emporte à ce point. C’est à ça que j’ai compris qu’il y aurait du nouveau. Une nouvelle règle à ajouter en bas de la liste. Je me demande ce que ce sera. C’est souvent la même discussion qui revient, entre autres. C’est que ma mère ne veut plus me conduire à l’école. Elle ne nous aime vraiment pas, mais elle n’a que nous, alors elle se plie à notre vie, mais de temps en temps elle fait sa crise. Papa lui a dit qu’elle pouvait partir quand elle veut, que ce n’était pas lui qui l’empechait d’être libre et indépendante. Alors elle reste. Peut-être que cette fois quelque chose va changer. Peut-être. Tout ça c’est des histoires de famille. Comme il y en a des milliers. Mais là c’est la mienne, alors bien sûr c’est différent. C’est plus difficile à vivre, quoi. Je vais prendre ma douche, mes ongles d’orteils s’allongent.
Ben, maintenant ils parlent du bonheur dans une relation de couple. Ils cherchent peut-être le mode d’emploi. C’est marrant, ils ont abandonné le sujet de l’enfant, moi en l’occurrence, pour entamer un débat un peu plus calme sur un sujet plus général. Au fond, ils jouent. Tout cela n’a pas d’importance, c’est juste des cris pour s’amuser. Elle aime ça.
Vous savez, je vais arrêter là, je crois. C’est tellement vide en moi, finalement, je n’ai rien à dire. Merci tout de même pour m’avoir accueilli dans votre grand bureau, même si ce n’est que ma petite chambre, et m’avoir laissée m’installer dans votre confortable divan, qui n’est autre que mon triste et vieux fauteuil, puis en particulier pour m’avoir écoutée, même si je n’ai fait que me lire.Ca libère.. un peu.  | |
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C'est gentil 
J'pensais vraiment pas que qqn lirait, franchement..
ça me donne envie d'écrire et de faire mieux que ça (pcq ça a été écrit en quelques minutes, c'est quand même pas génial ^^)
ça se sent même par écrit à travers les écrans 
